Le Vatican critiqué à La Havane pour sa discrétion
by Paulo A. Paranagua
28 Febbraio 2008
Le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d'Etat du Vatican, a été le premier dignitaire étranger reçu par Raul Castro, mardi 26 février, depuis qu'il a pris la succession de son frère Fidel à la présidence de Cuba, dimanche. Le numéro deux du Vatican a effectué une tournée d'une semaine dans l'île, à l'occasion du dixième anniversaire de la visite du pape Jean Paul II.
"J'ai exprimé au président Raul Castro la préoccupation de l'Eglise à l'égard des prisonniers et de leurs familles", a déclaré le cardinal avant son départ. "Nous n'avons pas demandé exactement une amnistie, mais des bons gestes comme ceux faits à l'époque de Jean Paul II, a-t-il précisé à la presse. Les libérations de quelques prisonniers sont des gestes positifs qui aident à la réconciliation, et constituent des signes d'espoir."
La visite du pape avait donné lieu à la libération de nombreux prisonniers politiques. "Que Cuba s'ouvre au monde et que le monde s'ouvre à Cuba", avait souhaité Jean Paul II. L'Eglise avait demandé l'accès aux médias (contrôlés par l'Etat), aux écoles et aux prisons. Aucun progrès n'a été enregistré dans ce domaine depuis dix ans. "L'Eglise souhaite élargir sans limitations son rayon d'action à tous les secteurs, pour contribuer avec ardeur au bien commun du peuple cubain", a rappelé Mgr Bertone lors d'une messe à La Havane, la seule transmise en direct pendant son séjour.
L'OPPOSITION IGNORÉE
"Les autorités m'ont promis davantage d'ouverture dans la presse, à la radio, ainsi que, dans des cas exceptionnels, à la télévision", a-t-il confié à la presse catholique italienne. "Tout commence toujours par des promesses, mais nous espérons une ouverture, car rien n'est impossible", a-t-il ajouté. Après un entretien avec le ministre cubain des relations extérieures, Felipe Pérez Roque, le représentant du Vatican a condamné l'embargo américain, "injuste et inacceptable du point de vue éthique".
L'opposant démocrate chrétien Oswaldo Paya a critiqué le cardinal Bertone, qui n'a reçu pendant son séjour aucune figure de l'opposition. "L'impression de complaisance (avec les autorités) n'est pas juste à l'égard du peuple cubain ni de l'Eglise cubaine, a assuré M. Paya, Prix Sakharov des droits de l'homme du Parlement européen. Il n'y a aucune raison de ne pas dire qu'il y a à Cuba des prisonniers politiques, détenus pour avoir défendu la vérité et les droits de l'homme."
M. Paya a dénoncé le "contrôle répressif" mis en place lundi, lors de la conférence de Mgr Bertone à l'université de La Havane. "L'image donnée par la visite ne correspond pas à la présence humble, mais digne et prophétique, des catholiques à Cuba", a-t-il souligné. L'Eglise compte 1 200 religieux, 523 paroisses et deux séminaires. En 2007, la hiérarchie catholique a changé la direction de la revue Vitral, qui faisait un travail d'éducation civique très apprécié.
by Paulo A. Paranagua
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