Le séjour du pape en France suscite inquiétude et critiques des laïcs
Le Monde
09 Settembre 2008
Les visites papales en France donnent traditionnellement lieu à des manifestations d'associations attachées à une stricte séparation des Eglises et de l'Etat. La venue de Benoît XVI, du 12 au 16 septembre, à Paris et à Lourdes, suscite les inquiétudes de divers mouvements laïques, d'associations de défense des droits des femmes et de syndicats.
La Fédération nationale de la libre pensée, présidée par l'ancien secrétaire général de Force ouvrière, Marc Blondel, s'insurge contre le financement public du séjour du pape en France. Chef spirituel des catholiques, le pape a aussi un statut de chef d'Etat (le Vatican), qui bénéficie, lors de ses déplacements à l'étranger, du protocole réservé aux responsables politiques par le ministère des affaires étrangères.
Les frais liés à la réception officielle du pape et le transport de sa délégation seront donc pris en charge par l'Etat. En revanche, les pouvoirs publics mettent en avant la facture (quelques dizaines de milliers d'euros) qui devrait être présentée à l'Eglise catholique pour l'utilisation de l'Ecole militaire comme centre de presse ainsi que des jardins et salons des Invalides à Paris.
Le coût du séjour - environ 3 millions d'euros - devrait être pris en charge par l'Eglise, qui compte sur les dons des fidèles. Sur ce budget, le poste le plus important est consacré à l'installation des écrans géants devant permettre aux fidèles de suivre les prises de parole de Benoît XVI. A Paris, le pape sera hébergé à la nonciature (l'ambassade du Vatican) puis, à Lourdes, dans des locaux des sanctuaires.
La Libre Pensée s'inquiète aussi du dispositif de sécurité prévu pour l'accueil d'une personnalité présentée comme l'une des plus menacées au monde. Quelque 6 000 policiers et gendarmes seront mobilisés pour le protéger et éviter les manifestations hostiles, comme c'est le cas à chacun de ses voyages à l'étranger.
L'association laïque estime que "le gouvernement, faisant soumission au Vatican, entend interdire toute voix discordante". Elle organise un meeting à Paris, dimanche, "contre le financement public des activités cultuelles, pour la laïcité en Europe et pour la séparation des Etats et des religions".
Sous le slogan "Remballe ton pape", des associations de défense des droits de la femme appellent à protester, vendredi, contre l'intervention de l'Eglise catholique dans les affaires publiques, les positions du pape sur le droit à l'avortement ou à la contraception et "l'écoute bienveillante" de ses propos "par nombre de responsables politiques français". Elles ne manqueront pas d'épingler la présence - "à titre privé" - du premier ministre ainsi que des ministres de l'intérieur, de l'éducation, du logement et de la culture à la messe célébrée à Paris par Benoît XVI.
Stéphanie Le Bars
Source > Le Monde