Le Pentagone avoue discrètement qu'il n'y avait pas de lien entre Saddam Hussein et Al-Qaida
Le Monde
16 Marzo 2008
Cinq ans après le début de la guerre en Irak, une vaste étude du Pentagone, publiée dans la plus grande discrétion, confirme l'absence de lien direct entre l'ancien président irakien Saddam Hussein et le réseau Al-Qaida, que l'administration Bush avait mis en avant pour justifier l'invasion de l'Irak.
Mercredi 12 mars, le Pentagone a annulé une conférence de presse sur la question et les militaires américains ont limité la distribution de cette étude. Impossible de se la procurer sur Internet : le document est uniquement disponible sur demande avant d'être envoyé par courrier. Cette étude, basée sur l'analyse de 600 000 documents officiels irakiens et sur des milliers d'heures d'interrogatoires d'anciens collaborateurs de l'ancien président irakien, "n'a trouvé aucune connexion directe entre l'Irak de Saddam [Hussein] et Al-Qaida". D'autres rapports, rédigés par la commission d'enquête sur le 11-Septembre ou encore par les services de l'inspecteur général du Pentagone, en 2007, étaient déjà arrivés à la même conclusion, mais aucune étude avant celle-ci ne reposait sur autant d'informations.
Selon le résumé de l'étude, disponible sur le site de la chaîne ABC, "Saddam Hussein soutenait des groupes terroristes et le terrorisme d'Etat était devenu un outil de routine du maintien du pouvoir", mais "les cibles privilégiées de cette terreur d'Etat étaient les citoyens irakiens". Sur son site, ABC rappelle qu'en 2004, le président américain George W. Bush avait déclaré, cité par le Washington Post : "La raison pour laquelle je continue de dire qu'il y a un lien entre l'Irak, Saddam et Al-Qaida est parce qu'il y a un lien entre l'Irak et Al-Qaida." Un an plus tôt, c'était le vice-président de l'époque, Dick Cheney, qui déclarait sur NBC : "Nous savons qu'il (Saddam Hussein) a de nouveau essayé de fabriquer des armes nucléaires et nous savons qu'il entretient des relations de longue date avec des groupes terroristes, dont Al-Qaida."
Source > Le Monde