Israël accusé d'infiltrer le réseau libanais de télécoms
Le Figaro
26 Novembre 2010
Le parti chiite espère démonter les charges portées à son encontre par le Tribunal Hariri
Israël aurait infiltré le réseau de téléphonie mobile libanais au point d'être en mesure d'attribuer à des membres du Hezbollah des communications imaginaires. C'est en tout cas l'accusation qui a été formulée mardi par Hassan Fadlallah, un député du parti chiite qui préside la commission parlementaire des télécoms, ainsi que par Charbel Nahas, ministre des Télécommunications et représentant d'un parti allié du Hezbollah. Une plainte en ce sens a été adressée par le Liban à l'ONU.
L'accusation intervient au moment précis où la télévision canadienne CBC expose en détail le scénario d'une implication du Hezbollah dans l'assassinat de Rafic Hariri, citant des sources et des documents issus de la commission internationale chargée d'enquêter sur l'attentat du 14 février 2005. L'analyse des communications téléphoniques libanaises aurait permis d'identifier trois réseaux d'appareils portables convergeant tous vers le Hezbollah. Ces «fuites» sont dénoncées par le procureur du Tribunal spécial pour le Liban, Daniel Bellemare. En attendant sa désignation officielle comme suspect, qu'il présente comme certaine bien que l'acte d'accusation n'ait toujours pas été publié, les militants du Hezbollah, tout comme leurs alliés, mettent en doute la crédibilité de l'enquête.
Parmi leurs arguments figure en bonne place le fait que le réseau téléphonique libanais serait «totalement» sous le contrôle d'Israël, comme l'affirmait en juillet le chef du Hezbollah. Hassan Nasrallah s'appuyait alors sur l'arrestation d'agents israéliens découverts à des postes clés du secteur des télécommunications. Le dispositif israélien reposerait notamment sur une «batterie de 24 antennes allant jusqu'à 60-70 mètres de hauteur dont l'orientation est clairement destinée à capter les communications sur le territoire libanais». Un élément qui a permis au Liban d'obtenir en octobre une résolution de l'Union internationale des télécommunications condamnant Israël pour le piratage de ses réseaux de téléphonie fixe et mobile, se félicite le ministre des Télécoms.
Clones de cartes SIM
Autre découverte libanaise : les principales antennes de transmission reliant le Sud, fief du Hezbollah, au reste du pays sont alignées avec une troisième antenne située en territoire israélien. «Ces emplacements semblent avoir été choisis à dessein au moment de la remise en état du réseau après la guerre de l'été 2006, explique Charbel Nahas au Figaro. Cet alignement permet à l'antenne israélienne d'envoyer des communications à l'antenne libanaise la plus éloignée comme si elles provenaient de l'autre antenne libanaise.»
Selon Charbel Nahas, l'équipementier Alcatel a été sollicité pour élucider des alarmes inexpliquées survenues pendant vingt jours, en 2006, dans le centre de contrôle du réseau. «La réponse est qu'elles sont le fait d'un intervenant externe ayant infiltré le réseau de transmission», assure-t-il. À entendre le ministre, les spécialistes israéliens seraient enfin en mesure de créer des clones de cartes SIM dont les communications ne seraient pas discernables de la puce originale. «En résumé, il lui est possible d'inscrire sur les registres libanais des télécommunications des communications qui n'ont pas eu lieu».
Source > Le Figaro