Pierre Hillard retrace l’histoire d’un courant idéologique qui imprime
sa marque aux actuelles tentatives de regroupement d’Etats au sein de
blocs régionaux et tente de les orienter vers une forme de gouvernance
mondiale. Son objectif n’est pas de prévenir les conflits, mais
d’étendre la puissance financière et commerciale du monde anglo-saxon.
Il théorise et revendique le projet d’un « Nouvel ordre mondial » érigé
sur les ruines des Etats-nations.
Bien sûr, il ne s’agit pas d’assimiler tous les efforts visant à
mettre fin aux divisions nationales à une volonté de domination. Mais
il est indispensable d’étudier ce projet de globalisation politique
afin de ne pas le laisser transformer l’idéal de l’unité humaine en un
cauchemar totalitaire.
Avec la ratification du Traité de Lisbonne par les 27 Etats
européens, l’élection d’Herman van Rompuy à la présidence du Conseil
européen et de Catherine Ashton comme Haut-représentant de l’Union pour
les Affaires étrangères et la politique de sécurité, le 19 novembre
2009, marque un tournant décisif dans les ambitions mondialistes.
L’Union européenne (l’UE) se voit dotée progressivement d’un visage
politique et d’un « numéro de téléphone » pour reprendre l’expression
d’Henry Kissinger. Certes, de nouveaux réglages — une forme de rodage —
s’avèrent nécessaires afin de véritablement asseoir cette union
régionale. En effet, des rivalités continuent à perdurer entre le
président du Conseil européen, le président de la Commission européenne
et la présidence tournante de six mois. Cette situation agace
profondément l’administration Obama [1].
Cependant, dotée de la personnalité juridique et d’une complète
primauté du droit européen sur le droit national, l’Union européenne
peut prétendre (réussir ?) devenir un acteur de la scène
internationale. Il serait faux d’affirmer que cette nouvelle vocation
se fera dans une complète indépendance par rapport au reste du monde.
En fait, les élites européistes soutenues par l’oligarchie financière
avancent en liaison et en communion d’esprit avec toutes les autres
formes d’unions régionales en cours d’élaboration sur la planète.
En effet, l’Union européenne n’est qu’une composante d’un vaste
programme conduisant à l’émergence de blocs continentaux dotés chacun
d’une monnaie, d’une citoyenneté, d’un parlement unique, etc ;
l’ensemble de ces blocs étant appelé à constituer une gouvernance
mondiale. Nous pouvons relever les unions régionales suivantes en
formation :
- La Communauté Economique Eurasiatique (CEEA ou Eurasec pour Eurasian Economic Community) [2] :
créée en octobre 2000 et réunissant plusieurs pays de l’ancien bloc
soviétique (Russie, Kazakhstan, Biélorussie, …), elle poursuit
l’objectif de créer une union douanière [3] à partir de 2010 avec l’idée d’une monnaie régissant l’ensemble appelé « evraz » [4] ou « euras » ou encore « eurasia » (le nom de cette monnaie peut encore changer) [5].
L’Union des nations sud-américaines (UNASUR) [6] :
créée en mai 2008, elle entend passer d’une logique sub-régionale à une
identité régionale en fusionnant en une seule organisation le Mercosur
et la Communauté andine, c’est-à-dire en réunissant tous les Etats du
continent sud-américain (à l’exception de la Guyane française, et des
îles britanniques Sandwich et Malouines). L’idéal poursuivi est de
réussir la mise sur pied d’un parlement, d’une monnaie unique [7]
et d’une citoyenneté commune. L’UNASUR entretient des liens privilégiés
avec son modèle européen dans le cadre d’une assemblée parlementaire
euro-latino américaine appelée EUROLAT [8].
- Le Système d’intégration centre-américain (SICA) [9] :
créé en décembre 1991, ce groupe de pays centre-américains poursuit les
mêmes objectifs cités ci-dessus, en particulier la création d’une
monnaie unique suite au 33è congrès tenu à San Pedro Sula (Honduras) en
décembre 2008.
- Le lancement de « l’Organisation de l’Unité Africaine » (OUA) [10] en 1963 a permis de passer à la vitesse supérieure, à partir des années 1999-2000, avec la création de l’Union Africaine (l’UA, à Durban en juillet 2002) et du « Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique » (NEPAD) [11].
Les objectifs (commission, parlement panafricain, cour africaine des
droits de l’homme, etc) se calquent sur le modèle européen [12].
- Le Conseil de coopération du Golfe (Golf cooperation council, GCC) [13] :
créé en 1981, il tend à une union de plus en plus étroite entre les
Etats du Golfe (Bahrein, Koweït, Oman, Qatar, Arabie Saoudite et Emirat
arabes unis). Une monnaie commune est prévue vers 2010/2011. Le nom
avancé par certains est « Khaleeji ». Cependant, même si le principe
d’unité monétaire est retenu, l’appellation de cette monnaie n’est pas
assurée [14].
-
Une union asiatique prend forme sous l’égide de trois acteurs
principaux : le Japon (CEAT, Council on East Asian Community), la Chine
(NEAT, the Network of East Asian Think Tank) et la Corée du Sud (EAF,
the East Asia Forum). Depuis le 1er janvier 2010, la Chine et l’Asean
(sigle anglais pour « Association des nations du Sud-Est asiatique) ont
lancé la plus grande zone de libre-échange au monde, à laquelle se sont
joints la Corée, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Elle
doit permettre « d’accélérer ce processus de régionalisation » comme se
plaît à le dire Xu Ningning, le secrétaire général du Conseil
économique Chine-Asean [15].
-
Une union Nord-américaine a été lancée en mars 2005 au Texas (Waco)
entre les chefs d’Etat états-unien, canadien et mexicain dans le cadre
du PSP (Partenariat pour la Sécurité et la prospérité) [16].
L’objectif déclaré est d’aboutir, théoriquement au cours de l’année
2010, à l’instauration d’un périmètre politique, économique et
militaire unifié entre les trois Etats [17].
Une unité monétaire appelée « amero » ou « dollar nord-américain » (la
désignation de cette nouvelle monnaie n’est pas assurée) doit remplacer
le dollar US et canadien ainsi que le peso mexicain [18].
Cette mutation passe par un effondrement du dollar et, par ricochet, du
système financier et monétaire mondial. Cette crise systémique globale
(politique, financière, monétaire et géopolitique) se renforce en ce
début de l’année 2010 afin de favoriser l’arrivée de ce nouvel ordre
mondial tant désiré par les thuriféraires du système.
Enfin,
il est prévu théoriquement pour 2015 l’instauration d’un bloc
euro-atlantique unifié politique, économique et militaire [19].
Nous pouvons signaler que le Parlement européen a adopté une
résolution, le 26 mars 2009, traitant de « l’état des relations
transatlantiques après les élections qui ont eu lieu aux Etats-Unis ».
Cette résolution a le mérite de rappeler tous les accords politiques,
économiques et militaires conclus de part et d’autre des rives de
l’Atlantique afin d’aboutir à une union transatlantique [20].
Cette
liste ne serait pas complète sans évoquer un événement majeur passé
sous silence par la presse française. En effet, lors du sommet de
l’Aquila en Italie (8-10 juillet 2009), les chefs d’Etat ont traité
divers dossiers (crise économique, climat, …). Cependant, lors d’une
rencontre avec les journalistes, le président russe Medvedev s’est plu
à présenter un prototype de monnaie mondiale sous la forme d’une pièce
fabriquée en Belgique sur laquelle était gravée en anglais « unité dans
la diversité » [21].
Cette présentation constitue un tournant majeur. Pour la première fois,
un chef d’Etat a présenté un exemplaire d’une monnaie en mesure d’être
la référence unique de l’humanité toute entière [22].
Ce geste complète les propos d’Herman van Rompuy qui, lors de son
discours de remerciements après sa nomination au poste de président du
Conseil de l’Union européenne, n’a pas hésité à prononcer ces paroles
lourdes de sens : « 2009 est aussi la première année de la gouvernance
mondiale avec l’instauration du G20 en plein crise financière » [23].
Cette affirmation — juste de la part d’un partisan de la gouvernance
mondiale — doit nous amener à réfléchir et à nous poser la question
suivante : comment en est-on arrivé là ? En effet, la description de
ces diverses unions régionales plus ou moins avancées dans le cadre
d’une autorité unique — avec éclatement interne des Etats qui les
composent [24]
— n’est pas le fruit du hasard. En fait, cette mutation résulte d’un
très long travail de fond de la part des oligarchies financières [25] et de groupes élitistes politiques dans le cadre de think tanks ou de fondations.
L’oligarchie anglo-saxonne et ses princes
Le public francophone est malheureusement ignorant des vrais
acteurs de la politique mondiale, ces derniers exerçant leurs talents
plus dans les coulisses que sur la scène politicienne. Pour mieux
comprendre la situation désastreuse dans laquelle les défenseurs de la
cause nationale se trouvent en ce début de XXIè siècle, il est
nécessaire de rappeler dans ses grands traits le rôle éminemment
important de la puissance financière et aristocratique anglo-saxonne.
Celle-ci a toujours constitué un Etat dans l’Etat. On peut situer sa
prise du pouvoir suite à l’instauration de la « Grande Charte » du 15
juin 1215. Après la défaite du roi Jean Sans Terre d’Angleterre, le 27
juillet 1214 à Bouvines face au roi Philippe Auguste, les barons
anglais ont arraché des privilèges politiques et financiers. Désormais,
la couronne britannique est obligée de composer et de collaborer avec
une caste qui allie force, puissance financière et ambitions
commerciales. Dès cette époque, une élite avide, revendicatrice et
orgueilleuse est née. Elle est à l’origine de l’existence de ces
groupes de pressions (ou lobbies) qui, par des voies aussi diverses que
la finance, le renseignement ou les médias, exercent des pressions sur
le pouvoir politique. Ce dernier dépendant largement d’appuis et de
monnaie sonnante et trébuchante pour son maintien au pouvoir est dans
l’obligation absolue de tenir compte des avis et des conseils émanant
de cette caste. Les think tanks (« instituts de recherche » ;
la traduction est cependant impropre), fondations et groupes élitistes
sont la suite logique d’un état d’esprit élitiste et mercantile. Ces
cénacles sont devenus les centres incontournables d’une minorité active
conditionnant l’avenir du monde anglo-saxon puis, de proche en proche,
de l’univers entier. Contrairement à la conception politique française
qui soumet toute activité à celle de l’Etat, ces organisations
politico-commerciales ne dépendent plus d’une autorité nationale. Très
tôt, elles ont exercé leurs talents. Dès le Moyen-Âge, des compagnies
comme les London Staplers, les London Mercers Company ou encore la
British East India Company (la BEIC au 17è siècle) ont été les fers de
lance de l’impérialisme britannique. Ainsi, l’aristocratie commerciale
s’est transmises le flambeau de la conquête et de la maîtrise des
richesses de génération en génération. « Toujours plus » pour reprendre
une expression de François de Closets.
La défaite française en Amérique du Nord conduisant au Traité du 10
février 1763 peut être considéré comme l’acte de naissance de la montée
en puissance de l’oligarchie britannique. En effet, la perte de la
Nouvelle France donne à la Couronne britannique tout un continent aux
richesses inouïes et presque vide d’habitants. L’incapacité de la
monarchie française à peupler ces vastes territoires et à les intégrer
à la sphère de la civilisation gréco-romaine fait basculer tout cet
espace sous la coupe anglo-saxonne. Mâtinées d’un tour d’esprit
messianique, les élites conquérantes américaines en liaison avec leurs
homologues britanniques sont prêtes à imposer leur modèle au monde
entier. Après les guerres de la Révolution et la défaite de Napoléon I
en 1815, la puissance anglo-saxonne n’a plus de rival sur les mers.
Puissance démographique, peuplement de vastes territoires en Amérique
du Nord, en Afrique australe, en Australie et en Nouvelle-Zélande,
contrôle de points stratégiques partout dans le monde (Gibraltar, Hong
Kong, …), mainmise de territoires sur presque tous les continents,
technologie de pointe et secteur bancaire performant permettent à ces
aristocraties commerciales de Londres et de New-York de rêver à un
contrôle du monde sous les auspices de la City et de Wall Street. Un
homme a été la figure de proue de cet idéal : Cecil Rhodes.
Ce grand défenseur de l’Empire britannique émigre en Afrique
australe où sa personnalité et ses qualités intellectuelles hors normes
lui permettent de faire fortune dans le diamant. Il est à l’origine de
la création de l’industrie diamantaire De Beers en liaison et avec
l’appui de Nathaniel Mayer Rothschild (1840-1915). Sa fortune colossale
lui ouvrant les portes de la colonie britannique, Cecil Rhodes pose les
jalons permettant à l’Etat Sud-africain (dominion de l’Empire
britannique) de prendre forme quelques années après sa mort en 1910.
Son influence financière et politique lui permet de contrôler des
territoires à qui il donne son nom : la Rhodésie. Divisés plus tard en
Rhodésie du Nord et Rhodésie du Sud, ces Etats sont devenus la Zambie
et le Zimbabwe. Cependant, sa grande idée coloniale est de réaliser une
immense voie de chemin de fer partant du Cap jusqu’au Caire. Dans sa
défense de l’Empire britannique, les voies de communications
constituent un enjeu capital pour la mise en valeur des richesses de
toute sorte. Le développement des voies de communications (sous toutes
ces formes [27])
est le passage obligatoire pour le bon fonctionnement de tout Empire.
Ce précepte est d’une très grande actualité en ce début de XXIè siècle [28]. Les voies de communications constituent les artères irriguant l’empire commercial et politique.
Cecil Rhodes (1853-1902)
Au-delà du bon fonctionnement de l’Empire britannique, un idéal
supérieur taraude Cecil Rhodes. En effet, convaincu de la supériorité
de la « race » anglo-saxonne, il conçoit une politique afin d’assurer
cette prééminence : l’union de tous les pays anglo-saxons ou, plus
exactement, l’instauration d’un bloc réunissant l’Empire britannique et
les Etats-Unis d’Amérique. L’ensemble doit constituer pour lui le socle
permettant la naissance d’un Etat mondial animé des principes et de la
philosophie de l’aristocratie commerciale anglo-saxonne. Afin d’y
parvenir, il estime nécessaire de recruter des personnalités
supérieures au sein des universités qui, animées du même idéal, seront
soutenues pour occuper les postes clefs et aussi divers que l’économie,
la finance, l’armée, l’éducation, le renseignement ou encore le
journalisme. Ainsi, pareil à un corps d’armée, ces différentes
personnes véritables jésuites du mondialisme convergeront vers le même
but afin de former les esprits dans leurs pays respectifs tout en
développant les structures politico-économiques conduisant à
l’émergence de cet Etat commercial mondial. Dans son esprit, cette
ambition titanesque et de très longue haleine passe par la création des
« bourses d’études Cecil Rhodes » (Rhodes Scholarships). Cecil Rhodes
n’a pas eu le temps de voir la concrétisation de cet idéal de son
vivant. Ce n’est qu’en 1904 que ses proches collaborateurs lancent les
premières bourses d’études portant son nom à l’université d’Oxford. Le
sociologue français, Auguste Comte, disait que « les morts gouvernent
les vivants ». Cette formule peut largement s’appliquer à Cecil Rhodes.
Ses concepts ont forgé le monde du XXè siècle et du début XXIè siècle.
Sans tous les citer, nous pouvons relever parmi les bénéficiaires des
bourses d’études Cecil Rhodes : le Premier ministre australien Bob
Hawke (1981/1993) ; James Wolsey, directeur de la CIA (1993/1995) ;
Wesley Clarke, patron de l’OTAN au cours de la décennie 1990 et acteur
majeur de la destruction de la Yougoslavie en mars 1999 ; le président
Bill Clinton (promotion 1968) ou encore James William Fullbright
(sénateur de l’Arkansas et grande figure de la politique
états-unienne) [29].
La politique de Cecil Rhodes n’aurait pas pu prendre l’ampleur que
l’on sait sans l’action de ses proches collaborateurs. Là aussi, nous
ne pouvons pas citer la liste fort conséquente à la lecture d’Anglo-American Etablishment
de Carroll Quigley. Les hommes entourant Cecil Rhodes se caractérisent
par un fait majeur ; ils occupent les secteurs clefs de la société
britannique dans la deuxième moitié du XIXè siècle [30]. Ils ont déterminé l’avenir du monde d’une manière implacable. Dans cette longue liste, nous retiendrons trois personnages.
Alfred Milner (1854-1925)
Une des figures de proue, successeur et fils spirituel de Cecil
Rhodes s’appelait Alfred Milner (1854-1925, appelé aussi Lord Milner).
Parmi ses nombreuses activités comme par exemple directeur de la London
Joint Stock Bank, il fut le chef du cabinet de guerre du Premier
ministre Lloyd George durant le conflit de 1914-1918. Durant cette
guerre mondiale, un événement déterminant pour les générations futures
se joua en novembre 1917. En effet, la « Déclaration Balfour » (Arthur
James Balfour, homme politique britannique) affirmait sous l’égide du
gouvernement britannique la reconnaissance d’un foyer juif en
Palestine. Cette reconnaissance fut officialisée directement par une
lettre adressée à Walther Rotschild qui était un intermédiaire avec le
mouvement sioniste en Grande-Bretagne. En réalité, le véritable
rédacteur de cette déclaration était Alfred Milner. Comme l’explique
Carroll Quigley, la « Déclaration Balfour » devrait en fait s’appeler
la « Déclaration Milner » [31].
Philipp Kerr (1882-1940, devenu lord Lothian) fut le secrétaire
privé de Lloyd George. Autant dire qu’il était au cœur des échanges
politiques autour du Premier ministre anglais et était une courroie de
transmission pour l’ensemble du « groupe Milner » [32]. Par la suite, il fut ambassadeur du Royaume-Uni à Washington.
Enfin, nous pouvons évoquer Lionel Curtis (1872-1955). Outre sa
participation aux travaux du Traité de Versailles, il est l’auteur de
l’expression « Commonwealth of nations » dont l’application date de
1948. Comme le révèle Carroll Quigley, cette expression est le résultat
de travaux dont le but était de préparer l’Empire britannique aux
mutations politiques conduisant à une organisation mondiale. Ces
travaux appelant à un Commonwealth remontent à 1916 [33]. Enfin, précisons que Lionel Curtis a joué un rôle déterminant, en 1919, dans la création du think tank anglais, le Royal Institute of International Affairs (RIIA appelé aussi Chatham House).
La compréhension de la mécanique mondialiste se doit d’être étudiée
comme un immense puzzle. Il faut passer en revue chaque pièce de ce
puzzle puis ensuite les réunir afin d’avoir une vue d’ensemble. C’est
pourquoi, nous passons à un autre pan du système en rappelant au
lecteur qu’il doit conserver à l’esprit ces différents éléments afin de
reconstituer ensuite le tout. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut
comprendre la « Bête ».
La société fabienne [35]
est un institut qui a vu le jour à Londres en 1884 sous l’impulsion de
politique anglais comme Sydney Webb (1859-1947) et de son épouse,
Béatrice Webb, ou encore de l’écrivain irlandais George Bernard Shaw
(1856-1950). L’avant-garde de cette société se fit sous l’influence de
promoteur du socialisme comme Robert Owen (1771-1858) [36] qui transmit ses idées à John Ruskin (1819-1900, professeur à l’université d’Oxford [37] et qui influença Cecil Rhodes) [38].
D’autres personnes imprégnées d’un idéal socialiste chrétien comme
Frederik Derrison Maurice (1805-1872) ont posé les jalons au cours du
XIXè siècle ouvrant la voie à la fondation de la société fabienne. Le
choix de « fabien » (fabian) s’explique puisqu’il se réfère au général
romain de l’époque des guerres puniques (vers – 200 av - JC), Fabius
Cunctator (c’est-à-dire le « temporisateur »). Face au général
carthaginois Hannibal, le militaire romain pratiquait la politique de
guérilla qui consistait à ne pas brusquer les choses afin d’atteindre
son but. C’est cette méthode de changement en douceur mais implacable
qui est la marque de fabrique de la société fabienne. Celle-ci défend
le principe d’une société sans classe devant conduire à la synthèse du
socialisme (l’Etat providence) et du capitalisme (les lois du marché),
le tout devant aboutir à la mise en forme d’une économie monopolistique
dans un cadre étatique mondial. Afin de répondre aux ambitions de cette
société, ses dirigeants estiment qu’il faut y aller pas à pas ou, selon
leur expression, par « graduation ». L’influence de cette société est
immense car de nombreux politiques anglais ont été membres de la
société fabienne [39].
Cependant, cette influence a été d’autant plus importante que cette
société a été à l’origine de la création de la London School of
Economics (LES) en 1895 sous l’impulsion de Sydney Webb. Cette
prestigieuse école de formation économique qui s’est diversifiée par la
suite a formé, dans un esprit fabien, des générations de dirigeants
anglais, mais aussi de nombreux étudiants de part et d’autre de la
planète. Ceux-ci sont souvent devenus par la suite des acteurs majeurs
de la vie politique et économique de leurs pays. Ainsi, l’ancien
président de la Commission européenne, Romano Prodi ; le président John
Kennedy ; la reine du Danemark Margarethe II ; Pierre Trudeau (Premier
ministre canadien) ; le lobbyiste et membre de plusieurs think tanks
Richard Perle (« le prince des ténèbres ») ; le financier George Soros
(fondateur des instituts Open Society) ; l’ancien conseiller de
François Mitterrand, Erik Orsenna et même le chanteur des Rolling
stones, Mike Jagger (il n’a fait qu’un an ! [40]),
ont fréquenté les bancs de cette école. Cette dernière grâce à l’action
de la société fabienne a contribué au formatage de nombreux esprits de
part le monde. Cependant, l’influence de cette société a été variée,
entre autres grâce à l’action d’un de ses membres, l’écrivain Herbert
George Wells (1866-1946).
H.G. Wells (1866-1946)
Imprégné de l’idéal fabien, H.G Wells a su développer ses vues dans de nombreux livres. Auteur à succès comme L’Homme invisible, La Machine à remonter le temps ou encore La Guerre des mondes, cet écrivain anglais a su répandre ses convictions dans un ouvrage paru en 1928, Open conspiracy (« conspiration ouverte ») [41]
, prônant un Etat mondial sans classe, contrôlant tout (« une nouvelle
communauté humaine » selon son expression), encourageant la réduction
drastique de la population mondiale et la pratique de l’eugénisme. En
fait, dès le début, H.G Wells a présenté ses théories dans un ouvrage
méconnu et dont le titre correspond exactement à la formule maçonnique Ordo ab chao : La Destruction libératrice.
Paru en 1914, cet ouvrage raconte l’histoire d’une guerre généralisée
aboutissant à la création d’un Etat mondial constitué en 10 blocs (« 10
circonscriptions » selon la formule de l’auteur [42]). C’est dans ce livre – rappelons-le paru en 1914 – que l’on retrouve l’expression « Nouvel ordre mondial » [43]. Par la suite, H.G Wells a récidivé en publiant un livre en 1940 au titre sans équivoque : Le Nouvel ordre mondial [44].
Tous ses représentants fabiens fréquentaient et collaboraient de
près ou de loin avec l’équipe de Cecil Rhodes puis de Lord Milner. Un
véritable esprit de corps en faveur d’un but commun, un Etat mondial,
animait ces différentes personnes. Ces élites anglo-saxonnes, qui ne
sont que la suite logique de ces aristocraties commerciales du
Moyen-Âge, ont continué à rassembler leurs forces au sein d’autres
clubs comme la Pilgrim Society en 1902 à Londres et à New York [45]. La vitesse supérieure fut atteinte, en 1910, avec la création de la Round Table.
La création de la Round Table [47],
qui n’est finalement que l’héritière d’un passé multiséculaire de
traditions mystiques, financières et élitistes, fut une étape décisive
dans les préparatifs devant mener à un Etat mondial. En effet, sous
l’impulsion de Lord Milner et de ses proches, cet institut haut de
gamme fut créé en liaison avec les élites financières américaines afin
d’assurer la prééminence du monde anglo-saxon devant aboutir à la
création d’un Etat mondial. D’autres Round Tables furent créées dans
tous les dominions de l’Empire britannique mais aussi aux Etats-Unis.
Prenant la suite des ambitions de Cecil Rhodes, des financiers de renom
encadraient l’équipe de Lord Milner comme Alfred Beit (1853-1906), Sir
Abe Bailey (1864-1940) et la famille Astor. D’autres groupes se sont
ajoutés au berceau du mondialisme animée par la Round Table : J.P
Morgan [48], la banque Lazard ou encore les familles Rockefeller et Whitney [49].
Avant de continuer dans l’étude des « bonnes œuvres » de la Round
Table, il s’avère nécessaire de faire le point suivant. Ces grandes
familles du mondialisme, même animées par une finalité commune, n’en
sont pas moins déchirées par des dissensions internes. On peut en
relever essentiellement deux. La première est aussi vieille que le
monde ; elle s’appelle rivalités internes. Les rivalités d’ambitions et
d’ambitieux cherchant plus de pouvoir, plus d’influence et plus de
richesses afin d’occuper les meilleurs places ont émaillées l’histoire
de cette aristocratie commerciale. Ce phénomène est aussi vieux que
l’histoire humaine. En revanche, le deuxième point est propre à la
Round Table. En effet, sous l’apparente unité de vue se cachent deux
courants de pensée. Dans les deux cas, ces courants poursuivent le même
but : l’Etat mondial. Cependant, dans un cas, un courant défend le
principe de la constitution d’un bloc anglo-saxon unifié (Empire
britannique associé aux Etats-Unis) ; ce socle anglo-américain
représentant la colonne vertébrale permettant au reste du monde de s’y
agréger. Dans le deuxième cas, l’autre courant estime qu’il n’est pas
nécessaire de privilégier la naissance d’un Empire anglo-saxon comme
point d’ancrage à un monde unifié. Il prône plutôt l’émergence d’un
monde où aucun pays ne serait en mesure d’imposer sa loi ou sa
philosophie politique. Il s’agit pour les tenants de la deuxième voie
de créer une sorte de « purée » générale unifiant l’humanité entière en
un seul bloc et sans distinction aucune. Nous avons là l’opposition
entre les tenants du mondialisme anglo-saxon à celui des partisans du
mondialisme planétarien.
La Première Guerre mondiale fut une bascule d’un monde à un autre.
Même s’il n’est pas possible d’évoquer dans le détail le rôle essentiel
des élites anglo-américaines durant ce conflit [50],
nous pouvons relever la mission déterminante du suédois Olof Aschberg
(1877-1960) à la tête de la banque Nya Banken de Stockholm. Il fut le
grand financier servant d’intermédiaire entre les élites de Wall Street
et de la City d’un côté et les dirigeants bolcheviques de l’autre. Son
surnom était le « banquier de la Révolution mondiale ». Comme le
rappelle Antony Sutton, la banque d’Olof Aschberg avait une filiale à
Londres, la Bank of North Commerce, dont le président Earl Grey
appartenait tout simplement à l’équipe de Cecil Rhodes et de Lord
Milner [51].
Ce dernier joua aussi un rôle capital au sein de l’oligarchie
anglo-saxonne. En effet, outre son activité susmentionnée, c’est Lord
Milner qui sut convaincre le Premier ministre Lloyd George de soutenir
fermement la révolution bolchevique. Cette évolution capitale pour
l’avenir du monde s’est faite suite à la visite à Londres, à la fin de
l’année 1917, de William Boyce Thompson (1869-1930) accompagné d’un
représentant de JP Morgan, Thomas W. Lamont (1870-1948) [52].
Membre du comité directeur de la Banque fédérale US (la Fed), W.B
Thompson fut un agent au service de l’oligarchie au sein de la
Croix-Rouge états-unienne présente à Petrograd en 1917. Cette
couverture lui permit de fournir entre autres la somme énorme pour
l’époque d’un million de dollars aux bolcheviques [53].
Sur le chemin du retour vers New York, il fit une halte à Londres pour
soumettre un mémorandum à Lloyd George appelant au soutien de la
révolution bolchevique. Lord Milner, grand admirateur de Karl Marx, ne
fit qu’appuyer William Boyce Thompson dans sa démarche afin de faire
plier Lloyd George. La révolution bolchevique n’aurait pas pu voir le
jour sans l’action déterminante de l’oligarchie commerciale
anglo-américaine [54].
La fin de la Première Guerre mondiale s’ouvrit sous les auspices
des puissances commerciales anglo-saxonnes victorieuses et d’une France
humainement et financièrement exsangue. Le Traité de Versailles
n’assura pas la sécurité de la France face à une Allemagne amoindrie et
dépendante largement des prêts anglo-saxons accordés à son économie. La
paralysie de la France face aux grands argentiers anglo-saxons
s’aggrava lorsque ces derniers accordèrent des prêts via les plans
Dawes (1924) et Young (1928) qui, tout en plaçant l’économie allemande
sous la dépendance des banques londoniennes et new-yorkaises [55],
furent déterminants dans le renforcement de la puissance industrielle
germanique. En effet, de gigantesques combinats de l’acier et de la
chimie, indispensables pour faire la guerre, virent le jour (IG Farben
et Vereinigte Stahlwerke) au cours de la décennie 1920. La défaite
française en 1940 trouve son origine en partie à l’action des
financiers anglo-saxons en faveur du redressement économique et
technique de l’Allemagne (en particulier l’acier, l’essence synthétique
et le caoutchouc) [56].
Colonel Edward Mandell House (1854-1938)
Parallèlement à cette politique, les élites anglo-américaines
décidèrent de préparer dès les années 1918-1919 une mutation de la
Round Table. En effet, pour des raisons de plus grande efficacité, il
fut décidé de créer deux think tanks de part et d’autre des
rives de l’Atlantique chargés d’être les moteurs de la politique
étrangère des deux pays. Côté anglais, ce fut la création en 1919 sous
l’égide de Lionel Curtis et collaborateur de Lord Milner du Royal
Institute of International Affairs (RIIA, appelé aussi Chatham House) [57]. C’est ce même Lionel Curtis qui prônait un Commonwealth fédératif capable peu à peu d’intégrer différents pays du globe [58]. Ces objectifs étaient défendus aux Etats-Unis par Clarence Streit (1896-1986) [59], correspondant du New York Times
auprès de la Société des Nations (bourse d’études Cecil Rhodes,
promotion 1920) et le représentant états-unien du « groupe Milner »,
Frank Aydelotte [60]. Côté américain, il fut créé le Council on Foreign Relations (CFR) [61]en
1921 sous l’égide d’un personnage central, le colonel Edward Mandell
House (1854-1938). Conseiller intime du président Wilson [62],
ce personnage fut la plaque tournante entre le groupe Milner et les
« grands » de Wall Street (JP Morgan, Vanderlip, Rockefeller, Warburg,
…). Dans cette liste incomplète, nous pouvons relever le nom important
de Paul Warburg qui fut à la tête de la réserve fédérale US (la Fed)
dès sa création en 1913. Cette banque privée, indépendante du pouvoir
central et responsable de l’émission monétaire [63],
est un Etat dans l’Etat. Or, c’est le même Paul Warburg qui dirigea le
CFR dès sa création. Nous avons affaire à un enchevêtrement de
responsabilités de premier ordre au sein de l’oligarchie anglo-saxonne
d’autant plus que nous serons obligé d’évoquer encore Paul Warburg dans
le paragraphe suivant consacré à la Paneurope.
L’action du colonel House est à compléter en citant une œuvre maîtresse dans la mystique mondialiste, son livre intitulé Philip Dru, administrator [64].
Ecrit en 1912, cet ouvrage évoque un coup d’Etat par un officier de
West Point (Philip Dru) qui impose une dictature aux Etats-Unis tout en
supprimant la constitution du pays. A l’instar de Lord Milner, le
colonel House n’hésite pas à évoquer ses convictions profondes en
affirmant que son héros met en place « un socialisme tel que l’aurait
rêvé Karl Marx ». Il évoque même dans le chapitre 52 l’idéal
d’unification de tout le bloc Nord-américain. C’est chose acquise
depuis le lancement officiel du projet à Waco au Texas en mars 2005
comme nous le présentions au début de ce texte. Force est de constater
que ces élites ont annoncé la couleur des événements il y a plus de
cent ans. La toile mondialiste a su renforcer son influence grâce à la
naissance d’un institut appelé à jouer un rôle de premier plan dans la
construction européenne : la Paneurope.
La Paneurope, tremplin du mondialisme
La création de la Paneurope est due à l’action d’un aristocrate
autrichien née d’une mère japonaise, Richard de Coudenhove-Kalergi
(1894-1972). L’objectif déclaré de Coudenhove était d’empêcher les
horreurs de la Première Guerre mondiale de se reproduire. Cette
intention louable n’était que l’arbre qui cachait la forêt. En effet,
très tôt, Coudenhove indiqua clairement la direction prise par son
mouvement en élaborant un rapport à la SDN présenté en 1925. Son but
était d’unifier l’Europe afin de l’intégrer dans le cadre d’une
organisation politique mondiale unifiée. Pour cela, il évoquait dans
son rapport la nécessité de créer des « continents politiques »,
l’ensemble devant constituer une fédération de fédérations dans la
pensée de l’auteur [65].
Ses affirmations fédéralistes rejoignent largement celles de la société
fabienne. Continuant sur sa lancée, Coudenhove organise en 1926 le
premier congrès paneuropéen à Vienne sous l’égide de son président
d’honneur, le président du conseil Aristide Briand (1862-1932) [66]. C’est lors de ce congrès réunissant plusieurs nationalités [67] qu’il fut décidé de choisir un hymne européen, l’Ode à la joie de Beethoven [68],
qui est devenu par la suite l’hymne de l’Union européenne. Les
objectifs de la Paneurope sont clairement affichés dans le cadre des
« Principes fondamentaux » qui stipulent entre autres : « (…) L’union
paneuropéenne se déclare attachée au patriotisme européen, couronnement
des identités nationales de tous les Européens. A l’époque des
interdépendances et des défis mondiaux, seule une Europe forte et
politiquement unie peut garantir l’avenir de ses peuples et entités
ethniques. L’union paneuropéenne reconnaît l’autodétermination des
peuples et le droit des groupes ethniques au développement culturel,
économique et politique (…) » [69].
Richard de Coudenhove-Kalergi (1894-1972)
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, R. de Coudenhove-Kalergi
réfugié aux Etats-Unis put enseigner dans le cadre d’un séminaire —
Research for a postwar european federation (« recherche pour une
fédération européenne d’après-guerre ») — favorable au fédéralisme
européen à la New York University. De retour en Europe en 1946, il
contribua largement à la création de l’Union parlementaire européenne
permettant par la suite la création, en 1949, du Conseil de l’Europe [70].
Renforçant son influence sur tous les Etats, cette organisation
européenne chapeaute des représentations nationales chargées de
diffuser l’idéal de son fondateur [71] qui, après avoir reçu en 1950 la plus haute distinction européiste le Prix Charlemagne [72], a passé le relais à Otto de Habsbourg en 1972 puis à Alain Terrenoire.
On peut mieux comprendre l’impact de la Paneurope en s’intéressant
au nerf de la guerre : l’argent. Les sources de financement de cet
institut expliquent les profondes connivences de son dirigeant avec les
autres acteurs du mondialisme. En effet, outre des mécènes industriels
et financiers, R. de Coudenhove-Kalergi bénéficia du soutien du
banquier Max Warburg, représentant de la banque allemande à Hambourg.
Comme nous l’avons vu ci-dessus, son frère Paul (la branche
états-unienne) était à la tête de la Fed et du CFR. On comprend tout de
suite que R. de Coudenhove-Kalergi eut carte blanche pour coopérer avec
les milieux financiers de Wall Street et leurs homologues londoniens.
Cette connivence entre le fondateur de la Paneurope et les autres
milieux mondialistes était d’autant plus grande que Max Warburg était
membre du comité directeur d’IG Farben Allemagne tandis que son frère,
Paul Warburg, était membre de la branche US d’IG Farben [73].
L’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir, comme l’explique Antony Sutton,
s’explique par les nombreux soutiens des industriels et financiers
anglo-saxons via leurs homologues allemands. Dans cette affaire, le
directeur de la Reichsbank, Hjalmar Schacht (1877-1970), fut un
intermédiaire de première main. Son action fut d’autant plus profonde
qu’il fut le ministre de l’Economie du IIIè Reich de 1934 à 1939. Le
relèvement économique de l’Allemagne dû à son action permit à Hitler de
poursuivre une politique qu’il n’aurait jamais pu exercer sans la
remise à niveau du pays. De tels méfaits auraient dû le conduire à la
peine de mort lors du procès de Nuremberg. Il n’en fut rien puisqu’il
fut acquitté. En fait, Hjalmar Schacht était lié fortement à
l’aristocratie commerciale anglo-saxonne. Son père, l’Etats-unien
William Schacht, avait travaillé 30 ans au sein de la filiale
d’Equitable Life Assurance de Berlin [74].
Son fils était donc dès sa naissance dans le sérail du système
mondialiste. Ceci est encore plus renforcé lorsqu’on sait que Hjalmar
Schacht était depuis 1918 au comité directeur de la Nationalbank für
Deutschland (« Banque nationale d’Allemagne »), au côté du banquier
Emil Wittenberg qui était en même temps membre du comité directeur de
la première banque soviétique créée en 1922, la Ruskombank [75]. Celle-ci était dirigée par le banquier suédois … Olof Aschberg [76]
précédemment vu. Pour continuer dans le tournis, nous pouvons préciser
que le directeur de la section étrangère Ruskombank, l’Etats-unien Max
May [77], était le vice-président de Guaranty Trust Company, une filiale d’un des piliers de Wall Street, JP Morgan [78].
Dans cette affaire, un haut représentant américain de Wall Street
travaillait donc au sein de l’élite bancaire soviétique. Pour compléter
le tout, la collaboration d’Hjalmar Schacht avec ce milieu était
renforcée par ses liens d’amitié avec le patron de la banque
d’Angleterre Norman Montagu. On comprend mieux qu’Hjalmar Schacht [79] n’ait pas été vraiment inquiété au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Le soutien apporté par cette aristocratie commerciale et apatride
anglo-saxonne au communisme, au nazisme ainsi qu’à la prise du pouvoir
par Franklin Delano Roosevelt [80], relaté dans la trilogie Wall Street
d’Antony Sutton, était aussi des formes d’expériences de laboratoires
agissant dans un cadre local (Union soviétique, Allemagne nazie et
Etats-Unis [81]).
Sous une appellation différente, Antony Sutton en conclut que ces
idéologies, appelées diversement « socialisme soviétique »,
« socialisme collectif » (pour le national-socialisme) et « socialisme
de la nouvelle donne » (New Deal), n’étaient que des mises en
forme d’un socialisme monopolistique ; idéal d’organisation qui doit
désormais voir le jour à l’échelle planétaire dans le cadre du « nouvel
ordre mondial ». La guerre de 1939-1945 résultant de tout ce travail
d’arrière-fond permit le basculement vers un autre monde ;
l’instauration de deux blocs apparemment antagonistes obéissant
parfaitement au principe hégélien de la thèse et de l’antithèse.
Cependant, ces deux mondes étant irrigués par les mêmes sources
financières, il était possible de poser les jalons devant permettre la
réalisation de l’Etat mondial.
L’après 1945, des lendemains qui chantent
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, nous pouvons relever
trois dates essentielles dans l’immédiate après-guerre : 1946 ; 1947 et
1948.
C’est le Premier ministre britannique, Winston Churchill qui a relancé
l’idée d’unification de l’Europe dans un discours prononcé à Zürich, le
19 septembre 1946. En effet, il n’hésita pas à affirmer : « Il nous
faut édifier une sorte d’Etats-Unis d’Europe » [82].
Ces propos ravirent Richard de Coudenhove-Kalergi qui était soutenu par
Churchill. Le fondateur de la Paneurope s’activant de son côté à la
relance de l’idéal européen exposa l’histoire de son oeuvre et des
projets à accomplir dans un ouvrage intitulé J’ai choisi l’Europe. Dans ce livre, Coudenhove bénéficia de la préface de … Winston Churchill.
Winston Churchill (1874-1965)
La deuxième étape avec la réunion à Montreux en Suisse, en août
1947, constitue un passage décisif vers le renforcement des fondations
de l’Etat mondial en préparation. En effet, divers représentants
européens [83] et états-uniens [84]
acquis aux principes d’un fédéralisme mondial se sont accordés pour
créer deux instituts, sous l’égide du juriste suisse Max Habicht [85],
dont l’efficacité se fait largement sentir : le « Mouvement fédéraliste
mondial » (World federalist movement, WFM) et l’ « Union des
fédéralistes européens » (Union of European Federalists, UEF).
Le WFM a présenté sa magna carta, lors de la réunion de
Montreux, favorable à l’établissement de principes clefs afin
d’instaurer un Etat mondial à base fédérative. Force est de constater
que 63 ans après leurs formulations, leurs vœux sont largement exaucés.
Il est, en effet, affirmé que « Nous, fédéralistes mondiaux, sommes
convaincus que la création de la confédération mondiale est le problème
capital de notre temps. Tant qu’il n’aura pas été résolu, toutes les
autres questions — nationales ou internationales — resteront sans
réponses valables. Ce n’est pas entre la libre entreprise et l’économie
dirigée, le capitalisme et le communisme qu’il s’agit de choisir, c’est
entre le fédéralisme et l’impérialisme ». Dans la foulée, cette Déclaration
propose entre autres les principes suivants : « limitation des
souverainetés nationales » avec « transfert à la Confédération des
pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire », « création d’une force
armée supra-nationale » ; en précisant en particulier ce fait d’une
très grande actualité en ce début de XXIè siècle qu’ « une juste
perspective fédéraliste doit intégrer les efforts faits sur les plans
régional et fonctionnel. La formation d’unions régionales (ndlr :
souligné par nous) — dans la mesure où elles ne constituent pas une fin
en soi et ne risquent pas de se cristalliser en blocs — peut et doit
contribuer au bon fonctionnement de la Confédération mondiale ». A la
fin de cette Déclaration, il est précisé de favoriser la création d’une « Assemblée constituante mondiale » [86].
Parallèlement à la création du WFM, l’Union des fédéralistes
européens (UEF) vit le jour à Montreux. Cependant, des travaux
d’avant-garde avaient déjà préparé le terrain. En effet, sous
l’influence de la Paneurope de R. de Coudenhove-Kalergi, il fut fondé
en 1934 Europa Union défendant l’idéal d’une Europe unifiée selon le
principe fédéral et inspiré du modèle suisse [87]. Quatre ans plus tard, en novembre 1938, fut créée sous l’influence des fabiens Lord Lothian et Lionel Curtis, Federal Union [88].
Cette dernière est une branche de l’UEF au même titre que le sont les
différentes « filiales » française (l’UEF France), allemande (Europa
Union Deutschland), italienne (UEF Italie) etc. Précisons que, pareil
au principe des poupées russes, l’UEF est une branche du World
Federalist Movement (WFM) [89].
Par conséquent, nous avons là un institut européen oeuvrant en faveur
du fédéralisme et qui épouse en même temps les travaux du WFM mais à
l’échelle planétaire. Pourquoi est-il si important d’évoquer la mission
de l’UEF ? Cet institut fédéraliste est dirigé par l’Anglais Andrew
Duff, député au Parlement européen sous l’étiquette des « démocrates
libéraux » [90]. Il est membre aussi du European Council on Foreign Relations (l’ECFR, « Conseil européen des relations étrangères ») [91] créé en 2007 [92],
jumeau européen du CFR états-unien fondé en 1921. Andrew Duff est aussi
celui qui, en collaboration étroite avec la Fondation Bertelsmann et le
député autrichien Johannes Voggenhuber, a permis la relance du projet
de constitution européenne après l’échec des référendums français et
hollandais en 2005 [93].
Le Traité de Lisbonne n’aurait pas pu voir le jour — du moins plus
difficilement — sans l’appui et les convictions d’Andrew Duff. Par
ailleurs, force est de constater que l’influence outre-tombe d’un Cecil
Rhodes et d’un Lord Milner s’est faite sentir lors de l’élaboration de
la constitution européenne (dite « Constitution Giscard » prélude au
Traité de Lisbonne) en 2003-2004. En effet, le « groupe Milner » et les
fabiens ont toujours été favorables à l’unification de l’Europe à
condition que cela se fasse sous direction anglo-saxonne. Au cours des
deux guerres mondiales, les tentatives d’unité européenne sous
direction allemande, puissance terrestre, ne pouvaient pas être
acceptées par Londres et par Washington car la thalassocratie
anglo-saxonne se retrouvait exclue des affaires du vieux continent.
Richard de Coudenhove-Kalergi l’avait parfaitement compris à la lecture
de son discours en 1950. Par conséquent, il est utile de s’intéresser
au secrétaire général chargé de téléguider les travaux de la
« Constitution Giscard », l’Anglais John Kerr. Son Curriculum vitae
révèle qu’il est à la tête d’une compagnie pétrolière, la Royal Dutch
Shell, et qu’il a été aussi ambassadeur de Grande-Bretagne aux
Etats-Unis. Ses liens avec l’aristocratie commerciale anglo-saxonne
révèlent aussi qu’il est membre du comité directeur chargé du
recrutement des élites dans le cadre des « bourses d’études Cecil
Rhodes » [94]. Comme on peut le constater, la réussite de l’entreprise mondialiste est une affaire de temps ; mais ils y arrivent.
Enfin, le Congrès de la Haye (7-10 mai 1948) sous la présidence
d’honneur de Winston Churchill et réunissant près de 800 militants
pro-européens [95]
a posé les premiers fondements d’une Europe unifiée. La figure de proue
de ce Congrès fut le secrétaire général Joseph Retinger (1888-1960).
Les vrais acteurs de l’histoire sont souvent dans les coulisses. C’est
le cas de Retinger travaillant au service du CFR et du RIIA dont
l’action fut déterminante dans le développement des structures
mondialistes [96]
La première réunion du Bilderberg
eut lieu au Pays-Bas à Oosterbeck en mai 1954. Il est convenu que
l’appellation de ce groupe élitiste résulte du nom de l’hôtel où
résidaient les intervenants. Cependant, certains doutes persistent. Il
n’empêche que sa création est due largement à l’action de Joseph
Retinger même s’il faut y ajouter des « huiles » du mondialisme comme
l’incontournable David Rockefeller (président du CFR, de la Chase
Manhattan Bank, …). Les bilderbergers représentent la « crème de la
crème » du sérail politique, économique et financier du monde
atlantiste. Les médias occidentaux n’évoquent que très rarement leurs
réunions et diffusent encore moins des reportages [97].
Les règles d’organisation et d’intervention des participants se
calquent directement sur celles régissant le Royal Institute of
International Affairs (RIIA, principe appelé « règle de Chatham
House »). Là aussi, la famille Rhodes et Milner a laissé des traces. En
fait, ces élites au sein du Bilderberg conditionnent largement la
marche des affaires politiques, économiques et financières. Le cas du
Belge Etienne Davignon est particulièrement frappant. Vice-président de
la Commission européenne de 1981 à 1985, il est le grand pacha de ce
groupe élitiste. Or c’est lui qui a invité l’homme politique belge
Herman van Rompuy a passé un oral pour le poste de président du Conseil
européen à pourvoir devant les représentants du Bilderberg, le 12
novembre 2009, en particulier devant l’ancien secrétaire d’Etat
américain Henry Kissinger, à Val Duchesse dans la banlieue de
Bruxelles [98].
En gros, il fallait savoir si Herman van Rompuy était capable d’être
utile au système. L’oral a dû se passer correctement puisqu’il fut
retenu … bon pour le service.
Prince Bernhard van Lippe-Biesterfeld (1911-2004)
Le choix du premier président du Bilderberg, le prince Bernhard
(1911-2004), par Joseph Retinger et ses affiliés ne relève pas du
hasard. En effet, ce prince allemand était au début des années 1930
membre de la SS, plus précisément, membre de la Reiterkorp SS
(cavalerie) ainsi que membre du Farben Bilder, une filiale d’I.G
Farben. Marié en 1937 à l’héritière du trône des Pays-Bas, la princesse
Juliana, sa fille la reine Béatrix est une active participante des
réunions du Bilderberg. Le passé plus que trouble du prince Bernhard et
sa nomination à la direction du Bilderberg étaient aussi une manière de
le tenir. En effet, il est plus facile de téléguider une personne vers
des buts bien définis à partir du moment où il traîne des
« casseroles ». Le choix de ce prince allemand naturalisé hollandais
était sûrement d’une grande importance car il fut utilisé dans un autre
secteur. Nous devons aborder un sujet tenant à cœur les théoriciens du
mondialisme : l’écologie.
La protection légitime de la faune et de la flore prend un tour
déréglé sous l’action des partisans du nouvel ordre mondial. En effet,
la dérive des esprits conduit à une divinisation de la nature propre au
mouvement new age. C’est le principe de « gaïa » identifié à la « terre-mère » [99].
De nombreux instituts propagent ce tour d’esprit philosophique en
particulier le WWF (World Wild Fund for nature), institut promouvant la
protection de la nature. Sa création en 1961 est due au travail de
personnages membres du sérail mondialiste.
En effet, nous devons évoquer les frères Aldous et Julian Huxley. Aldous Huxley est l’auteur d’un livre prophétique, Le Meilleur des mondes,
paru en 1931 et qui est un véritable programme politique mondialiste
sous une apparence de roman fiction. Evoquant un Etat mondial composé
d’une humanité soumise et hiérarchisée suite à des manipulations
génétiques, son auteur passa sa vie à faire usage des drogues les plus
diverses afin d’atteindre une « forme de mysticisme ». Ces délires
caractérisant ce milieu touchèrent aussi son frère, Julian Huxley,
partisan de l’eugénisme et qui devint le premier président de l’UNESCO
(éducation, science et culture) en 1946. Cette tournure d’esprit propre
aux frères Huxley est due à l’influence du grand-père paternel, Thomas
Huxley (1825-1895). Ce biologiste farouche défenseur des principes
darwiniens [100]
transmit ces concepts à ses petits-fils qui surent en faire profiter le
monde entier. Ajoutons que le réseau et les liens unissant la famille
mondialiste sont vraiment étroits puisqu’un des étudiants de Thomas
Huxley s’appelait … H.G Wells [101].
Ce passage de relais de génération en génération permet de mieux
comprendre cette permanence du mondialisme ainsi que sa montée en
puissance. Nous pouvons désormais relier l’action passée de ces hommes
à la fondation du WWF en 1961. En effet, sa création est due à Julian
Huxley [102].
Le WWF contribue à répandre cet idéal panthéiste et constitue une des
branches d’action du mondialisme. Est-ce un hasard d’apprendre que le
premier président du WWF fut le dirigeant du Bilderberg, le prince
Bernhard [103]
(président de 1962 à 1976). D’autres présidents se sont succédés à la
tête du WWF comme John Loudon qui fut comme John Kerr président de la
compagnie pétrolière, la Royal Dutch Shell. Ce conglomérat pétrolier
anglo-hollandais est une des pépinières du nouvel ordre mondial.
Précisons aussi que le Prince Philippe, époux de la reine d’Angleterre
Elisabeth II, dirigea le WWF de 1981 à 1996.
David Rockefeller, Sr. (1915-…)
Nous pouvons ajouter à cette liste d’acteurs issue d’une longue
tradition politico-commerciale, le rôle de la Trilatériale. Créée en
1973 par David Rockefeller et Zbigniew Brzezinski
(membres du CFR), ce dernier est le mentor du président Obama. Cet
institut regroupe trois zones géographiques économiquement
développées : l’Amérique du Nord, l’Europe et le Japon. Rappelant
l’appui de Français comme Simone Veil, Robert Marjolin, Raymond Barre
ou encore Hubert Védrine, Brzezinski ajoute que les Etats sont « face à
des problèmes de plus en plus partagés — financiers, économiques et
stratégiques — et qu’ils sont de moins en moins en mesure de régler,
sans au moins se concerter plus étroitement, dans leur propre intérêt
et dans celui du reste du monde ». Afin d’affronter ces défis, l’auteur
précise même que la Trilatérale a été à l’origine de la création du G7 [104].
Les accointances de la Trilatérale avec le monde industriel et le monde
des think tanks sont avérés en particulier avec le réseau politique
transatlantique (le TPN) [105].
En effet, le président de la branche européenne de la Trilatérale,
Peter Sutherland, est aussi le président de la branche européenne du
TPN. Cet Irlandais fut aussi le patron de Goldman Sachs qui régit en
sous-main la politique économique du président Obama et, entre autres,
commissaire à la concurrence de 1985 à 1989 sous la présidence de
Jacques Delors [106]. Petite cerise sur le gâteau, Peter Sutherland est aussi le directeur de l’école fabienne la London School of Economics [107].
Le tour du propriétaire sera complet en ajoutant que John Kerr — que
nous avons vu ci-dessus — est aussi membre de la Trilatérale Europe [108].
Comme nous pouvons le constater, les élites politiques et
économiques convergent depuis longtemps vers l’édification d’un ordre
mondial unifié [109]. Cependant, le tour ne serait pas complet si on n’évoquait pas les déclarations des autorités de l’Eglise catholique.
Une Eglise catholique au service du nouvel ordre mondial
Que l’on soit croyant ou pas, l’étude des principes animant une
Eglise doit se faire avec objectivité. Il faut étudier les préceptes
qu’elle défend et observer si les propos et les actions qu’elle mène
sont en conformité ou pas avec son corps de doctrine. Dans le cas de
l’Eglise catholique, le concept défendu depuis 2000 ans s’appuie sur la
primauté de Dieu sur l’homme. Les Ecritures et la Tradition constituent
le socle intouchable, le dépôt de la foi selon les termes consacrés,
définies par le successeur de saint Pierre, le pape. L’homme marqué du
péché originel doit se conformer à une autorité supérieure et obéir à
l’ensemble des préceptes défendus par l’Eglise catholique. Ces
principes sont immuables. Quand on n’est pas d’accord avec ces
principes, on quitte l’Eglise catholique. C’est le cas des multiples
Eglises protestantes. Cependant, un changement fondamental s’est
produit avec le concile Vatican II (1962-1965). Ce concile est le
résultat d’un long courant de réflexions animant de nombreux hommes
d’Eglise mais aussi hors de l’Eglise dès le XIXè siècle. Après un long
combat entre les défenseurs de la Tradition et les progressistes ; ces
derniers ont pu imposer leur vision lors de la grande réforme de
Vatican II. Pour ces partisans, il s’agit d’adapter l’Eglise aux
multiples innovations politiques, techniques et sociales marquant
l’évolution du monde. Pour les défenseurs de la Tradition, c’est tout
l’inverse. C’est au monde de s’adapter aux principes de l’Eglise. Cette
humanisation de l’Eglise passant par la promotion des droits de l’homme
et sa collaboration avec les instances internationales ont été
clairement affichées en 1963 dans l’encyclique du pape Jean XXIII, Pacem in terris [110].
Rappelant les progrès de la science et des techniques conduisant à
« intensifier leur collaboration et à renforcer leur union » au sein du
genre humain ; il s’agit de renforcer le « bien commun universel » que
les Etats ne peuvent plus assurer selon l’encyclique. C’est pourquoi,
le document ajoute en toute logique que « De nos jours, le bien commun
universel pose des problèmes de dimensions mondiales. Ils ne peuvent
être résolus que par une autorité publique dont le pouvoir, la
constitution et les moyens d’action prennent eux aussi des dimensions
mondiales et qui puisse exercer son action sur toute l’étendue de la
terre. C’est donc l’ordre moral lui-même qui exige la constitution
d’une autorité publique de compétence universelle ».
Souhaitant que ce « pouvoir supranational ou mondial » ne soit pas instauré de force, l’encyclique approuve la Déclaration des droits de l’homme de 1948 en dehors de quelques objections. Elle ajoute que « Nous considérons cette Déclaration comme un pas vers l’établissement d’une organisation juridico-politique de la communauté mondiale » [111].
Ce changement de direction de l’Eglise catholique est la marque de
fabrique de tous les papes depuis Vatican II. Lors de son message de
Noël en 2005, Benoît XVI a encouragé les hommes à s’engager « dans
l’édification d’un nouvel ordre mondial » [112] .
Il est donc tout à fait logique que Benoît XVI ait appelé à
l’instauration d’une « autorité politique mondiale » dans son
encyclique Veritas in caritate [113]
en juillet 2009. Rappelant l’interdépendance mondiale, le pape appelle
à « l’urgence de la réforme de l’Organisation des Nations Unies comme
celle de l’architecture économique et financière internationale en vue
de donner une réalité concrète au concept de famille des nations (…) » [114].
Vers une assemblée parlementaire mondiale
La création de grandes unions politiques régionales régies par des
lois communes constituant les différentes composantes de l’Etat mondial
se doit d’être représentée au sein d’une assemblée unique. C’est tout
l’enjeu de « l’Assemblée parlementaire des Nations Unies » (l’APNU) [115].
Cette ambition est la suite logique des rêves d’unification du monde
défendue par les théoriciens du mondialisme (fabiens et consort). Rien
ne surgit au hasard. Les événements, les personnages et les instituts
du passé produisent leurs fruits conduisant à parachever l’édifice
babélien. Par conséquent, l’action du WFM (World Federalist Movement),
dont nous avons vu la création en 1947 à Montreux, poursuit tout
logiquement le travail qui est le sien. Ainsi, le WFM est à l’origine,
en 1992, de l’élaboration du premier grand document appelant à
l’établissement d’une Assemblée parlementaire mondiale au sein des
Nations Unies : The case for a United Nations Parliamentary Assembly (« L’objet d’une Assemblée parlementaire des Nations Unies ») du Canadien Dieter Heinrich [116].
De nombreux travaux et conciliabules se sont déroulés par la suite au
sein du sénat canadien, du parlement européen, lors du Forum du
Millénaire en 2000 à New York, du 12è congrès de l’Internationale
socialiste etc, pour enfin aboutir à la création en septembre 2003 au
« Comité pour une ONU démocratique ». Nous sommes obligé de donner la
version en allemand car, comme nous allons le voir, les autorités
politiques allemandes jouent un rôle de premier plan : Komitee für eine
Demokratische UNO (KDUN) [117].
Le KDUN est la figure de proue au sein d’un comité exécutif [118]
oeuvrant en faveur d’un Parlement mondial. En effet, ses travaux sont
secondés par un autre institut déjà mentionné, le WFM. A cela, il faut
ajouter « la Société des peuples menacés » (Gesellschaft für bedrohte
Völcker), institut allemand oeuvrant en faveur de l’émancipation des
groupes ethniques et qui travaille main dans la main avec l’UFCE
(l’Union Fédéraliste des Communautés Ethniques Européennes) [119] et une ONG anglaise, le 2020 Vision Ltd [120].
Le KDUN dont le siège est à Berlin annonce la couleur en précisant
dans ses statuts sa volonté de construire une société cosmopolitique et
favorisant les intégrations continentales [121].
Au sein du comité directeur, on trouve des représentants issus des
mondes politiques et scientifiques. Il est intéressant de souligner que
tous les courants politiques allemands sont présents à l’exception des
ex-communistes (die Linke) [122].
Au sein de ce comité, nous trouvons un personnage clef, Armin Laschet.
Cet homme politique est à l’origine du rapport élaboré en 2003 appelant
à donner un siège permanent à l’Union européenne [123]
après l’adoption du « Traité Giscard » (désormais appelé « Traité de
Lisbonne »). Son influence est décisive car on le trouve aussi à la
tête du comité directeur du Prix Charlemagne [124].
Par ailleurs, la présence du député allemand au Parlement européen Jo
Leinen à la direction du KDUN est particulièrement significative car il
joua un rôle déterminant dans l’adoption du Traité de Lisbonne [125].
C’est en avril 2007 que le KDUN lança sa campagne en faveur d’un
Parlement mondial sous la direction de son président, Andréas Bummel.
Auteur d’un livre intitulé Internationale Demokratie Entwickeln (« Développer la démocratie internationale ») [126],
c’est un ancien adhérent du parti libéral, le FDP, dont le président
Guido Westerwelle est devenu ministre des Affaires étrangères du
gouvernement Merkel depuis septembre 2009. C’est aussi un collaborateur
de la « Société des peuples menacés » dirigés par Tilman Zülch (membre
du comité directeur du KDUN) et de la World Federalist Movement (WFM)
de New-York [127].
Tous ces intervenants agissent afin de favoriser la naissance de ce
nouvel organe mondial. Comme il est précisé dans les textes officiels :
« (…) L’APNU pourrait dans un premier temps être constituée de délégués
de parlements nationaux et régionaux reflétant leur composition
politique. Une APNU inclurait donc des membres de partis minoritaires
qui ne font pas partie du gouvernement. A un stade ultérieur, l’APNU
pourrait être directement élue. Une APNU serait ainsi un organe unique
et légitime représentant la voix des citoyens sur des questions d’ordre
international. Les participants à la campagne considèrent qu’une APNU,
une fois créée, évoluerait d’un simple organe consultatif à un
parlement mondial avec de véritables droits à l’information, la
participation et de contrôle »(…) [128].
Ces ambitions affichées sans complexes par l’APNU s’épanouissent
encore plus lorsque l’on se rappelle le soutien apporté par Benoît XVI
à l’instauration d’une « autorité politique mondiale ». Il va de soi
que les dirigeants de l’APNU ont salué avec enthousiasme l’encyclique
de ce pape [129]..
Conclusion
Cette rapide description de l’histoire des tenants du mondialisme
remontant du Moyen-Âge jusqu’au début du XXIè siècle souligne que cette
tendance est très ancienne. Elle repose sur une cupidité sans limites
et la poursuite d’un idéal de contrôle complet des richesses
planétaires. Cette évolution n’a fait que prendre de la vitesse au fur
et à mesure que le « clergé » mondialiste, successeur de Nimrod,
réussissait à imposer son mode de pensée en faveur du nouvel ordre
mondial. Depuis la chute du mur de Berlin, les événements
s’accélèrent ; la crise aussi. La décennie 2010 sera décisive pour le
genre humain car le mondialisme, selon la doctrine de ces élites, est
un messianisme pressé.
[7]
Le 26 novembre 2008, lors d’une réunion à Caracas, quelques pays
d’Amérique du Sud ont décidé de préparer le terrain en créant le
« Fonds de stabilisation et de réserve » ; c’est-à-dire une unité de
compte appelé « SUCRE » (Système Unitaire de Compensation Régionale).
Cette unité de compte fait référence aussi à Antonio José de Sucre
(1795-1830) qui fut lieutenant au service de Simon Bolivar.
[24]
Les revendications ethniques et religieuses ainsi que l’opposition
entre régions riches et régions pauvres accélèreront la décomposition
des Etats dans le monde. Ce phénomène s’explique en particulier en
raison du transfert de l’autorité suprême à des unions politiques
régionales au dépens des Etats qui n’ont plus leur raison d’être. La
dislocation des Etats sera planétaire. Déjà, certains dirigeants des
Etats fédérés US du Texas et du Vermont souhaitent faire sécession. En
ce qui concerne l’Europe, la Belgique avec la Flandre ou l’Espagne avec
la Catalogne constituent des risques majeurs. Ces revendications
régionalistes conduisant au morcellement des Etats sont nécessaires
pour aboutir à la réalisation du nouvel ordre mondial.
[25]
Jusqu’au début janvier 1973, la France partageait le droit de créer de
la monnaie avec les banques privées. Pour financer la construction de
logements sociaux par exemple, l’Etat empruntait auprès de la banque
centrale qui créait pour l’occasion cette monnaie. Par la suite, l’Etat
remboursait l’emprunt tandis que la banque détruisait cet argent ;
mais, point capital, sans faire payer d’intérêts. Or, l’Etat s’est
interdit d’emprunter auprès de la banque centrale avec l’article 25 de
la loi Pompidou-Giscard d’Estaing du 3 janvier 1973. Il se prive donc
de la création monétaire sauf s’il s’adresse auprès d’acteurs privés
qui, eux, font payer des intérêts au prix fort. Par conséquent, cette
politique empêche toute politique sociale véritable rendant les
investissements publics hors de prix et entraînant par la même occasion
l’augmentation de la dette publique. Ce principe inscrit dans le Traité
de Maastricht (1992) à l’article 104 a été transposé à l’article 123
dans le Traité de Lisbonne. Les Etats de l’UE sont donc totalement
tributaires de l’oligarchie financière.
[26]
Une large partie de ce chapitre s’appuie sur les travaux de l’historien
américain Carroll Quigley (1910-1977) professeur entre autres à
l’université Georgetown : The anglo-american Etablishment, GSG § Associates, 1981. Il fut en particulier le professeur de … Bill Clinton.
[27]
Le lancement en juillet 2009 d’un projet de panneaux solaires en
Afrique du Nord et au Proche-Orient devant irriguer en énergie l’Europe
se fait dans le cadre de « Desertec ».
La branche allemande du Club de Rome, le centre aéronautique et
aérospatial allemand et le prince Hassan bin Talal de Jordanie ont
fortement contribué au projet. Indirectement, cette politique
énergétique va contribuer à intégrer encore plus largement ces Etats
Sud-méditerranéens à l’Union européenne et, dans la foulée, à l’axe
euro-atlantique dans le cadre de l’interdépendance.
[28] C’est le cas du « Corridor de Nasco » avec l’émergence d’un bloc Nord-américain.
[29]
Les bénéficiaires des bourses d’études Cecil Rhodes aux Etats-Unis, au
Royaume-Uni, en Australie, en Afrique du Sud etc sont présentés sur les
sites internet de ces différentes écoles.
[30] A partir de la deuxième moitié du XIXè siècle, l’équipe de Cecil Rhodes contrôlait le Times
de Londres, journal réservé aux élites politiques et économiques
britanniques qui, elles aussi, étaient pour la plupart membres de cette
vaste aristocratie commerciale. Cela s’appelle travailler en circuit
fermé.
[31] Anglo-american Etablishment, op. cit, p. 169.
[32]
L’expression « groupe Milner » est utilisée pour évoquer les
personnages politiques, économiques, militaires et journalistiques
acquis aux idéaux d’Alfred Milner et de son mentor, Cecil Rhodes.
[36] Robert Owen s’appuyait sur les principes du philosophe Platon, en particulier son ouvrage La République,
défendant l’idéal d’une société aristocratique dirigée par l’élite,
éliminant le mariage tout en favorisant la reproduction des meilleurs.
Cette théorie a fait des petits. On retrouve ces concepts dans Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, 1984 d’Orwell ou encore dans certains ouvrages d’Herbert George Wells, membre dirigeant de la société fabienne.
[37]
L’université d’Oxford est devenue un des foyers de recrutement des
élites grâce aux « bourses d’études Cecil Rhodes » pour la
Grande-Bretagne.
[39]
Au début du XXIè siècle, 200 députés britanniques appartiennent à la
société fabienne comme l’ancien Premier ministre Tony Blair (promoteur
de la politique économique appelée la « 3è voie », principe fabien par
excellence) ou Gordon Brown.
[40] Il semble ne pas y avoir trouvé satisfaction.
[41] Ouvrage paru en 1928, réédité en 1931 sous le titre What are we to do with our Lives ?.
[42] The War That Will End War, par H. G. Wells. Version française : La destruction libératrice, réédité aux Editions Le passé du futur, Grama, Bruxelles, 1995, p. 214.
[43] Ibid.,
p. 134 : « Ce fut dans une ambiance légèrement incrédule que démarra la
réunion qui devait instaurer le nouvel ordre mondial ».
[44] The New World Order, par H.G Wells, réédité par Filiquarian Publishing, LLC, en 2007.
[45] La plupart des responsables économiques de l’administration Obama sont issu de la Pilgrim Society.
[46] Voir The Anglo-American Etablishment, op. cit, p. 82 et pages 117 et suivantes.
[48] L’entreprise JP Morgan, pilier de la finance anglo-saxonne, fut fondée par John Pierpont Morgan (1837-1913).
[49]
Voir les ouvrages de l’extraordinaire Antony Sutton (1925-2002),
chercheur à l’institution Hoover et à l’université Stanford, décrivant
le soutien de Wall Street aux trois éléments suivants : Wall Street and the bolshevik revolution, Arlington House, 1974 ; Wall Street and FDR (ndlr : Franklin Delano Roosevelt) et Wall Street and the rise of Hitler. Il faut ajouter aussi cette série en trois volumes : Western technology and soviet economic development 1917-1930 ; Western technology and soviet economic development 1930-1945 et Western technology and soviet economic development 1945 to 1965
prouvant à partir d’une documentation de première main le soutien
économique et financier de l’occident à l’Union soviétique et à ses
affidés.
[50]
Nous invitons le lecteur à s’intéresser à Basil Zaharoff (1850-1936)
qui fit fortune en vendant des armes aux acteurs du conflit de
1914-1918.
[51] Wall Street and the bolshevik revolution, op. cit, p. 57.
[53] Ibid.,
p. 82. Il est intéressant de noter que Harry Hopkins (1890-1946) qui
devint plus tard l’éminence grise du président Roosevelt, fut
l’intermédiaire entre la Croix-Rouge états-unienne dirigée par William
Boyce Thompson à Petrograd en 1917 et sa représentation à Washington in
Ibid., p. 72.
[54] Ibid.,
pp. 89-100. Le mémorandum de William Boyce Thompson présenté à Lloyd
George peut être lu en entier à la page 197 et suivantes au paragraphe
intitulé « Document 4 ».
[55] Pétrole, une guerre d’un siècle, par William Engdahl (Editions Jean-Cyrille Godefroy, 2007), p. 94 et suivantes.
[56] Wall Street and the rise of Hitler, op. cit, voir les chapitres de 1 à 5 en particulier page 47.
[57] The anglo-american Etablishment, op. cit, p. 182.
[58]
Outre la Grande-Bretagne et ses dominions, Lionel Curtis n’hésitait pas
à y ajouter : la France, les pays scandinaves, l’Irlande, l’Egypte,
l’Inde, la Belgique, les Pays-Bas, le Canada et les Etats-Unis. Ces
projets ont été présentés dans son livre paru en une seule édition en
1938 : The Commonwealth of God in The Anglo-American Etablishment, op. cit, pp. 282-283.
[59] Union Now : A Proposal for a Federal Union of the Democracies of the North Atlantic, par Clarence Streit (Harper & Brothers Publishers, 1939).
[60] The Anglo-American Etablishment, op. cit, p. 283.
[62] Le président Wilson l’appelait son « alter ego ».
[63] Wall Street and FDR, op.cit, p. 92 et suivantes.
[64] Voir notre livre La Marche irrésistible du nouvel ordre mondial, op.cit, p. 14 et pp. 80-81. Philip Dru, administrator, par Edward Mandell House, réédition Robert Welch University Press, 1998.
[65] La Paneurope, par Anne-Marie Saint Gille (Presses de l’université de Paris Sorbonne, 2003), pp. 130-131.
[66]
L’engagement d’Aristide Briand au côté de la Paneurope acquise aux
principes fédéralistes et régionalistes dans un cadre politique mondial
unifié permet de mieux comprendre le discours du représentant français
à l’Assemblée générale de la Société des Nations, le 5 septembre 1929,
appelant à un « lien fédéral » entre les Etats européens.
[67]
Le représentant anglais lors de ce congrès paneuropéen de 1926, A.
Watts, était membre du Royal Institute of International Affairs issu du
« groupe Milner » in La Paneurope, op. cit, p. 148.
[69]
La Paneurope a joué un rôle déterminant dans l’élaboration de tous les
textes en faveur de la protection des groupes ethniques. Voir notre
ouvrage Minorités et régionalismes dans l’Europe Fédérale des Régions
(Editions François-Xavier de Guibert, 4è édition, 2004) et dans ce
livre, le chapitre intitulé « L’union Charlemagne » p. 75 et suivantes.
[72] Lire son discours prophétique à l’annexe 11 de La Décomposition des nations européennes ;
en particulier le passage où Coudenhove appelle à l’instauration d’une
« union atlantique », une « Fédération à trois » selon son expression,
« l’Angleterre étant le pont entre l’Europe et l’Amérique ». C’est
exactement ce qui est poursuivi par les instances de Bruxelles et de
Washington d’une manière accélérée depuis 1990. Voir la liste complète
des bénéficiaires du Prix Charlemagne sur le site du Comité.
[73] Wall Street and the rise of Hiter, op. cit, chapitre 2 « The Empire of IG Farben », p. 33.
[74] Wall Street and the bolshevik revolution, op. cit, pp. 125-126.
[79]
Il faut ajouter aussi que Hjalmar Schacht est à l’origine de
l’existence de la Banque des règlements internationaux (Bank of
International Settlements). Antony Sutton relate aussi la réunion
déterminante du 20 février 1933 dans la demeure d’Hermann Goering qui
permit, en présence d’Adolf Hitler, de lever des fonds pour le
financement du parti nazi. Les plus grands patrons de l’industrie
allemande étaient présents et ont aligné les sommes nécessaires (Krupp
von Bohlen, Albert Voegler, von Loewenfeld, …) ; le tout se faisait
sous la direction d’Hjalmar Schacht in Wall Street and the rise of Hitler, op. cit, p.108.
[80]
Antony Sutton évoque entre autres l’influence déterminante de Gerard
Swope (1872-1957), président de General Electric Company, qui permit la
politique socialisante du président Roosevelt in Wall Street and FDR, op.cit, p. 86.
[81]
Carroll Quigley explique entre autres les infiltrations au sein de
l’appareil politique états-unien de la part de JP Morgan in Tragedy and Hope. A History of the World in Our Time (GSG and Associates, 1966), p. 938.
[82]
Le Premier ministre anglais a tenu des propos dans son discours de
Zürich qui sont dans la droite ligne du mondialisme à en juger ces
extraits : « (…) L’Union européenne a fait beaucoup pour arriver à ce
but et ce mouvement doit beaucoup au comte Coudenhove-Kalergi et à ce
grand patriote et homme d’Etat français que fut Aristide Briand (…).
Nous autres Britanniques, nous avons le Commonwealth. L’organisation du
monde ne s’en trouve pas affaiblie, mais au contraire renforcée et elle
y trouve en réalité ses maîtres piliers. Et pourquoi n’y aurait-il pas
un groupement européen qui donnerait à des peuples éloignés l’un de
l’autre le sentiment d’un patriotisme plus large et d’une sorte de
nationalité commune ? Et pourquoi un groupement européen ne devrait-il
pas occuper la place qui lui revient au milieu des autres groupements
et contribuer à diriger la barque de l’humanité ? (…). Appelant à une
réconciliation franco-allemande, Churchill ajoute dans un esprit
fabien : « Il faut que notre but permanent soit d’accroître et de
renforcer la puissance de l’ONU. Il nous faut créer la famille
européenne en la dotant d’une structure régionale placée sous cette
organisation mondiale, et cette famille pourra alors s’appeler les
Etats-Unis d’Europe » (…) in George C. Marshall, Points de repère, Lausanne, 1973
[83]
L’influence fédéraliste se fit sentir par l’intermédiaire d’Européens
convaincus comme Denis de Rougemont, Henri Brugmans et Alexandre Marc.
[84]
Côté états-unien, dès 1924, Rosika Schwimmer et Lola M. Lloyd défendant
la cause des femmes (droit de vote, etc) organisèrent la première
assemblée constituante mondiale devant être élus par les peuples afin
de rédiger une constitution mondiale. Cette initiative fut relancée en
1937 à Chicago avec une campagne en faveur d’un gouvernement mondial.
Il serait très intéressant de savoir qui finançait de tels projets. Par
la suite, d’autres Etats-uniens préparèrent les esprits en faveur d’un
monde uni : Emery Reves, auteur de Anatomy of Peace défendant
l’idée d’un gouvernement mondial (il fut aussi l’agent littéraire de
Winston Churchill) ; le politicien Wendell Wilkie avec son livre One World ; l’avocat Clark Grenville auteur de World Peace through World Law ; le journaliste Norman Cousins ; le journaliste et sénateur démocrate Alan Cranston et le philosophe Robert Hutchins.
[93] La Fondation Bertelsamann et la gouvernance mondiale, op. cit, p. 92 et suivantes.
[94] « Trustees » sur le site internet du Rhodes Trust.
[95]
Parmi les nombreux participants, nous pouvons relever Richard de
Coudenhove-Kalergi, Konrad Adenauer, Denis de Rougemont, Alcide de
Gasperi, François Mitterrand, etc.
[97]
Une exception toutefois ; RTL Belgique a diffusé lors de son journal
télévisé l’extérieur de la réunion du Bilderberg en juin 2000 lors de
sa réunion à Genval dans le Brabant wallon. On peut y apercevoir
Dominique Strauss-Kahn ou encore la reine Béatrix des Pays-Bas.
[99] Le film Avatar
de James Cameron sorti en décembre 2009 est le prototype même de
l’esprit « gaïa ». Une tribu parée de nombreuses qualités par rapport
aux humains venus exploiter leur planète tire leur force de la nature,
plus précisément d’un arbre, véritable dieu qui donne l’énergie comme
il l’a reprend.
[100] Thomas Huxley était appelé le « bouledogue de Darwin ».
[107] « Peter Sutherland », sur le site internet de la Commission trilatérale.
[108] « Membership », sur le site internet de la Commission trilatérale.
[109] Parmi les nombreux domaines participant à l’édification du nouvel ordre mondial, nous pouvons évoquer le cas du Codex alimentarius
dont l’objectif est de procéder à des modifications ou à des
suppressions de produits entrant dans la composition alimentaire
(vitamines, minéraux, …).
[118] « Comité exécutif » de la Campagne pour la création d’une Assemblée parlementaire des Nations Unies.
[119] Cet institut allemand est à l’origine des textes clefs en faveur des groupes ethniques en Europe ; la Charte des langues régionales ou minoritaires et la Convention-cadre pour la protection des minorités. Voir notre livre Minorités et régionalismes, op. cit. p. 142 et suivantes.
[124]
Signalons aussi la présence de Hans-Gert Pöttering au sein du comité
directeur du Prix Charlemagne, président de la Fondation Konrad
Adenauer, ancien président du Parlement européen mais aussi ancien
président de Europa Union Deutschland, filiale de l’Union des
fédéralistes européens (l’UEF créée à Montreux en 1947) dirigée en 2010
par le député anglais au Parlement européen Andrew Duff.
[125] Voir La Fondation Bertelsmann et la gouvernance mondiale, op. cit, p. 93 et suivantes.
[126] Internationale Demokratie entwickeln, par Andreas Bummel, Horizonte Verlag, 2005.
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